A M. Pierre N’Gahane, Recteur de l’académie de Dijon
Depuis la rentrée, les demandes des inspecteurs se multiplient pour tenir des formations en visio en soirée ou les mercredis après-midi. La CGT Éduc’action de l’académie de Dijon condamne ces pratiques qui ne semblent que faire écho à la promesse surréaliste de la fin des absences non remplacées.
Le Pacte, qui a été présenté comme la solution pour régler le problème des absences de courte durée, rate ses objectifs, car il ne répond en rien à la difficulté de remplacer un·e collègue. Au contraire, il accroît la surcharge de travail des un·es, culpabilise les autres et aggrave les inégalités femmes-hommes. Nos collègues courent déjà après le temps et gèrent leur quotidien au jour le jour à cause des classes surchargées, des heures supplémentaires imposées, des services partagés et la multiplication des tâches périphériques.
Convoquer les personnels hors du temps de service en école ou établissement ne répondra ni à la problématique de leur formation, ni à celle de leur remplacement, car les absences pour formation ne représentent, au niveau national, que 4% du total des absences. C’est, par contre, la négation de tout le travail effectué en dehors du face-à-face pédagogique, et c’est aussi refuser aux personnels le droit d’organiser leur vie personnelle et familiale en dehors de leur emploi du temps.
S’il est un problème auquel il faudrait s’attaquer, c’est aux absences de longue durée, bien plus préjudiciables pédagogiquement. Cela nécessiterait de mettre sur la table la fin des suppressions de postes, l’attractivité et la reconnaissance de nos métiers. Au contraire, depuis des années, la recherche de l’optimisation à tout prix a multiplié les services partagés, et a réduit le nombre de TZR et de brigades, limitant de facto les possibilités de remplacements.
Les enseignant·es n’ont pas à subir les conséquences de déclarations démagogiques déconnectées de la réalité de nos métiers.
La formation continue des personnels ne devrait pas être l’instrument du pilotage de la politique éducative par la hiérarchie. En effet, depuis le début de l’année, les enseignant·es sont convoqué·es pour des séances d’informations en visio, alors que les services d’inspections ont bien d’autres moyens pour faire passer leurs messages : lettres électroniques, listes de diffusion, site internet académique…
Pour terminer, nous trouvons scandaleux que seuls deux motifs d’absence à ces (in)formations soient estimés valables par les inspections. Nous considérons que cette pratique revient à nier toutes les situations personnelles qui pourraient légitimement excuser une absence : garde d’enfant ou autre impératif familial, RDV médical ou autre impératif de santé…. Encore une fois, cette manière de faire pénalise particulièrement les femmes qui ont encore bien souvent la charge de l’organisation de la famille, en particulier hors de leur emploi du temps habituel.
La CGT Éduc’action revendique :
• L’arrêt des suppressions de postes, ce qui faciliterait l’organisation des remplacements ;
• L’abandon du Pacte et de la logique de rémunération par des primes désocialisées ;
• La réduction du temps de travail afin de permettre aux personnels d’exercer leur métier sereinement ;
• L’accès à une formation continue de qualité, sur le volontariat, selon les besoins exprimés par les personnels et pendant le temps de service habituel.
Veuillez croire, Monsieur le Recteur, en notre attachement au service public d’Éducation
À l’attention des collègues convoqué·es
La CGT Educ’action est contre la mise en place des formations hors temps de service habituel, mais nous n’encourageons pas nos collègues à se mettre en faute. Ne pas répondre à une convocation hiérarchique écrite est une faute qui peut être sanctionnée par le retrait d’un trentième de salaire.
Il est illusoire de chercher à décortiquer les textes et nos obligations de service pour chercher une faille qui permettrait à de se soustraire à de telles demandes. Le tribunal administratif a depuis longtemps tranché la question en donnant tort aux collègues qui estimaient que la formation n’entrait pas dans nos obligations de service.
Pourtant, les travailleur·euses disposent d’un outil pour s’opposer à de telles demandes de leurs supérieurs. Cela s’appelle le droit de grève. Individuellement, il protège de toute sanction ou menace de sanction, mais surtout le droit de grève prend tout son sens lorsqu’il est massif et collectif : il rend, de fait, inopérantes les manœuvres hiérarchiques.
C’est parce que le droit de grève n’est pas assez utilisé dans notre profession, que nos supérieurs vont toujours plus loin dans les attaques sur nos métiers et nos conditions de travail.