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Déc 02 2024

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Déclaration de la CGT au CAEN du 2/12/2024

Madame la Rectrice,
Monsieur le Vice-Président en charge des lycées, de l’offre de formation, de l’apprentissage et de l’orientation au Conseil régional de Bourgogne-
Franche-Comté.
Mesdames et Messieurs les membres du Conseil Académique de l’Education Nationale de l’académie de Dijon,

Avant toute chose, Madame la Rectrice, nous vous souhaitons la bienvenue dans notre académie ainsi que de la réussite dans vos nouvelles missions. Soyez assurée de notre attachement à un dialogue social sincère et exigeant. Vous constaterez au fil du temps notre détermination à défendre les droits de tous les personnels de l’académie ainsi qu’une Ecole publique, laïque et émancipatrice au service de tous les élèves.

Madame la Rectrice, il se trouve que vous prenez vos fonctions au moment où la colère des personnels que nous représentons est très forte et a conduit
à décider d’une première journée de mobilisation le jeudi 5 décembre prochain ; journée en forme de dernier avertissement avant de passer le cas échéant sur une mobilisation de plus grande ampleur et s’inscrivant dans le temps dans la semaine suivante.

Jamais le sentiment d’abandon, de mépris, de déclassement n’a été si fort chez les personnels de la fonction publique d’éducation. Les raisons ne manquent pas. Elles sont, déjà, d’ordre budgétaire. Le gouvernement invoque une dette abyssale pour infliger une nouvelle cure d’austérité aux services publics et à l’éducation en particulier. Observons que cette dette n’est que le résultat de choix politiques que nous contestons, qui conduisent à la paupérisation galopante de millions de nos concitoyens en même temps qu’à l’enrichissement démesuré d’une poignée de nantis. Avec provocation, le ministre de la Fonction Publique renoue avec la logique du bouc émissaire en désignant à la vindicte publique les fonctionnaires trop nombreux, trop absents… Premiers pas pour tenter de justifier la suppression au prochain budget de l’Education nationale de près de 3335 postes dans le public (3155 pour le premier degré et 180 pour le second degré).

Parmi les documents accompagnant ce CAEN, plusieurs documents de bilan de rentrée ; nous interviendrons à cette occasion mais nous avons déjà
quelques remarques et questions liminaires à formuler :

  • Nous nous étonnons de ne pas avoir de bilan des classes sans enseignants, ou de bureaux administratifs sans personnels, ou encore d’enfants à besoins particuliers non accompagnés…
  • En parlant d’accompagnement, quels sont aussi les premiers bilans de l’expérimentation du PAS en Côte d’Or ? Combien d’AESH ont été déplacées ? Où en sont les avenants aux contrats de ces personnels liés à ces déplacements ?
  • Ce bilan de rentrée n’intègre pas non plus le constat de manque de formation des personnels contractuels recrutés au cours de l’été et propulsés sans réelle aide devant les élèves.
  • Un bilan de la mise en place progressive du logiciel OPALE, peu intuitif et ergonomique aux dires d’une majorité des personnels administratifs rencontrés lors de nos tournées d’établissement, a-t-il été dressé auprès des personnels ?

Enfin puisqu’il est l’heure des bilans de rentrée, il semble indispensable d’interroger l’impact de la mise en place du Pacte dans les EPLE. Force est de constater que de nombreuses activités péri-éducatives ont été abandonnées dans les EPLE cette année faute de financement, à moins que les collègues n’aient accepté une brique de Pacte, Pacte qui a été présenté comme une augmentation de la rémunération des enseignants alors que, à peine deux ans plus tard, nous constations que des milliers d’HSE ont été économisées sur l’accompagnement éducatif, les projets et la lutte contre le harcèlement scolaire. Dans un même établissement, certains professeurs seront rémunérés en Pacte et d’autres en HSE pour la même mission : on voudrait casser le statut des fonctionnaires qu’on ne s’y prendrait pas autrement. On aura remplacé des HSE par des primes, avec les effets délétères que l’on connaît sur les caisses de sécurité sociale. Ajoutons à ceci les projets de trois jours de carence et de rémunération à 90% lors des congés maladie, le point d’indice à nouveau gelé, et on aura dressé un tableau qui permet bien de comprendre pourquoi on peine à recruter des enseignants, même en reculant encore les dates de clôture des inscriptions au concours.

Enfin, sans parler en détail de la désorganisation liée à l’application du « choc des savoirs » que nous évoquerons plus tard dans l’ordre du jour, nous souhaitons souligner la rocambolesque situation qui est apparue avec l’annulation récente par le Conseil d’Etat des dispositions de l’arrêté du 15 mars 2024 liées aux « groupes de besoins ». Cette décision confirme ainsi qu’une telle réforme de l’enseignement au collège devait faire l’objet d’un décret du Premier ministre et non d’un simple arrêté de la ministre de l’Education Nationale. Le projet de décret de la DGESCO relatif à l’organisation des enseignements au collège devra donc être examiné ce vendredi 6 décembre au ministère. Nous aurons donc eu une rentrée de septembre 2024 organisée sous l’effet d’un décret pris deux mois après cette même rentrée. On atteint des records d’amateurisme, à moins que cela ne soit le témoignage d’un mépris des usagers, des agents, de leurs statuts et de la loi.

Alors que la réforme du bac professionnel se met en place sur les trois années du cursus d’un seul coup et en même temps, c’est la désorganisation de l’année de terminale qui suscite le plus d’inquiétude, notamment face à tant d’impréparation. Car si le calendrier est désormais connu, c’est tout le contenu qui reste à faire ! Le raccourcissement de l’année avec des programmes et des épreuves inchangés mettent dans une situation de stress tout autant les élèves que les équipes. Quant au parcours de différenciation dit en “Y”, c’est le flou absolu. Les élèves pourront suivre ou ne pas suivre les avis délivrés à l’issue du conseil de classe pour se rendre en stage ou rester au lycée. Pour ces derniers, les emplois du temps seraient modifiés sans que l’on sache comment sera effectuée la répartition des heures disciplinaires ; c’est bel et bien source d’inégalités pour les élèves. Le travail sur les contenus semble encore au stade du balbutiement. Pour les élèves qui souhaitent s’insérer, que rajoute un énième stage dans leur scolarité ? On peut craindre que face à tant d’à peu près, les élèves désertent ces dispositifs et se tournent vers l’option stage pour des raisons financières. La lutte contre le décrochage est un travail important dans les lycées professionnels de l’académie et c’est précisément ce que risque de provoquer la dérégulation de l’année de terminale.

La carte des formations professionnelles a été ajoutée à l’ordre du jour. Nous n’évoquerons pas les situations particulières dans notre déclaration mais nous nous inquiétons du nombre de mesures de fermeture et de réduction de capacité d’accueil envisagés. Nous souhaitons rappeler que nous dénonçons depuis toujours les risques d’une logique « adéquationiste » forte entre la carte des formations et le bassin d’emploi à proximité des lycées professionnels. Nous constatons malheureusement que les actualités nationale et locale confortent nos craintes : fermeture de sites Michelin, menaces de fermeture de l’usine VALTI à Montbard… Faire coller carte des formations et bassin d’emploi est bel et bien une stratégie dangereuse qui ne peut que fragiliser la formation professionnelle et accentuer les inégalités entre les territoires.Il nous apparaît alors indispensable de rappeler qu’il existe des outils
efficaces pour lutter contre les inégalités : le premier d’entre eux est le Service Public, garant de la cohésion sociale. L’urgence est donc d’investir massivement dans les services publics, à commencer par celui de l’Éducation, plutôt que de les détruire à coup d’austérité, de privatisation et de mise en concurrence.

Le plan d’urgence pour l’École que nous réclamons depuis 2020, doit se mettre en place au plus vite nationalement et localement. Ce plan d’urgence pour l’École passe par : l’arrêt des suppressions de poste, le recrutement de personnels pour assumer les remplacements, la réduction réelle de tous les effectifs classe dans toutes les matières, un plan de rénovation des établissements, des moyens pour l’intégration des enfants en situation de handicap et aux besoins spécifiques, une carte des formations professionnelles redéfinie qui sortirait les Lycées Professionnels de l’adéquationisme territorial, l’abandon des réformes de tri social, dont le choc des savoirs.

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